Un samedi pas comme les autres à Bab Souika. Les habitants de la rue El Pacha ont assisté à une opération de démolition minutieusement orchestrée, visant une bâtisse ancienne et gravement délabrée, menaçant ruine au cœur de ce quartier emblématique de la médina de Tunis. Cette intervention, menée par la municipalité de Tunis en coordination avec l’Agence municipale des services environnementaux, l’Association de sauvegarde de la Médina de Tunis et la Direction des bâtiments municipaux, s’inscrit dans une politique accrue de prévention des risques urbains.
Une opération sous haute vigilance
Dès les premières heures de la matinée, les riverains ont vu arriver un engin de démolition de type Poclain, symbole d’une intervention à la fois technique et réfléchie. La bâtisse, dont l’état de délabrement avait été confirmé par des experts, représentait un danger imminent pour les habitants et les passants. L’opération s’est déroulée sous la supervision de responsables locaux et régionaux, garantissant le respect des normes de sécurité les plus strictes.
L’approche adoptée a été soigneusement étudiée : chaque étape de la démolition a été planifiée pour éviter tout risque d’effondrement incontrôlé ou de dommages collatéraux aux bâtiments voisins. Les autorités ont ainsi veillé à limiter l’impact sur le tissu urbain environnant, tout en assurant la protection des riverains.
Préserver la sécurité publique et le patrimoine
La municipalité de Tunis a rappelé que cette démolition s’inscrit dans un programme plus large de suivi et d’intervention sur les bâtiments menaçant ruine. Dans la médina de Tunis, de nombreux édifices anciens, souvent laissés à l’abandon, constituent aujourd’hui de véritables bombes à retardement. Leur fragilité, accentuée par le temps et le manque d’entretien, fait peser un risque constant sur la sécurité des citoyens.
Cette politique d’action préventive vise à éviter de nouveaux drames, comme ceux survenus ces dernières années dans d’autres villes du pays, où l’effondrement soudain de bâtiments vétustes a coûté la vie à des habitants et provoqué d’importants dégâts matériels. À Tunis, plus de 800 constructions sont aujourd’hui répertoriées comme étant en situation critique, nécessitant une surveillance rapprochée, voire une évacuation ou une démolition immédiate.
Un équilibre délicat entre sécurité et mémoire urbaine
Derrière chaque mur tombé à Bab Souika, c’est aussi une part du patrimoine architectural de la ville qui disparaît. La municipalité, consciente de cette réalité, multiplie les efforts pour préserver l’équilibre entre la sécurité publique et la sauvegarde de la mémoire urbaine. L’Association de sauvegarde de la Médina de Tunis joue un rôle clé dans ce processus, veillant à ce que les interventions se fassent dans le respect de l’histoire et de l’identité du quartier.
Parallèlement à la démolition, des campagnes de propreté et de lutte contre les nuisances, telles que les moustiques, sont régulièrement organisées dans différents quartiers de la capitale, témoignant d’une volonté globale d’améliorer le cadre de vie des citoyens.
Vers une stratégie nationale de prévention
La multiplication des opérations de démolition à Tunis et dans d’autres villes du pays traduit une prise de conscience accrue des autorités face à l’urgence de la situation. Après les récents drames liés à l’effondrement de bâtiments anciens, la législation tunisienne s’est durcie : les propriétaires de bâtiments menaçant ruine sont désormais tenus légalement responsables des dommages causés par un éventuel effondrement.
Cette vigilance accrue, conjuguée à une meilleure coordination entre les différents acteurs institutionnels et associatifs, permet d’envisager une gestion plus efficace du patrimoine bâti en péril. À Bab Souika, la démolition de la bâtisse de la rue El Pacha marque une nouvelle étape dans cette stratégie de prévention, plaçant la sécurité des citoyens au cœur des priorités, sans pour autant tourner le dos à l’histoire vivante de la médina.
Un message fort aux habitants et aux propriétaires
L’opération de Bab Souika envoie un signal clair : l’inaction n’est plus tolérée face au danger. Les autorités invitent les propriétaires de bâtiments anciens à prendre leurs responsabilités, soit en engageant des travaux de restauration, soit en acceptant la démolition lorsque la sécurité l’exige. La préservation du patrimoine urbain passe désormais par une gestion proactive et concertée, pour que la médina de Tunis reste un espace vivant, sûr et accueillant pour tous.