L’appel à une « révolution administrative » lancé par le Président de la République marque un tournant décisif dans la trajectoire de la Tunisie. Il ne s’agit plus de simples ajustements ou de réformes superficielles, mais bien d’un changement radical de la structure, de la philosophie et des pratiques de l’administration tunisienne. Cette volonté de rupture totale avec le passé soulève une question cruciale : par où commencer pour réussir cette transformation profonde ?
Un diagnostic sans appel : l’administration à bout de souffle
Depuis des années, l’administration tunisienne est pointée du doigt pour sa lourdeur, son inefficacité et sa déconnexion des attentes des citoyens. Les bureaux vides, les dossiers qui s’entassent sans suite, les structures inactives ou mal organisées sont devenus le symbole d’un système à bout de souffle. Le Président a d’ailleurs dénoncé la persistance de ces dysfonctionnements, insistant sur l’urgence de supprimer ou de réorganiser les entités qui n’apportent aucune valeur ajoutée à la collectivité.
La nouvelle constitution, socle du changement
Le processus de réforme s’inscrit dans le cadre de la nouvelle constitution, adoptée en 2022, qui vise à rompre définitivement avec les pratiques du passé. Le chef de l’État a rappelé que chaque responsable doit s’approprier les nouvelles dispositions constitutionnelles et les appliquer avec rigueur dans toutes ses décisions. L’objectif affiché est clair : instaurer une administration au service du peuple, capable de garantir la dignité et la justice sociale, tout en favorisant la création de richesse et la croissance économique réelle
Tolérance zéro et responsabilité accrue
L’une des pierres angulaires de cette révolution administrative est l’exigence de responsabilité et de loyauté des responsables publics. Le Président a été catégorique : aucune tolérance ne sera accordée aux responsables qui manquent à leur devoir, même après un seul jour de nomination. Cette rigueur vise à instaurer une culture de l’engagement et de la performance, rompant avec l’impunité qui a trop longtemps gangréné l’appareil étatique
Des institutions repensées pour plus d’efficacité
La révolution administrative ne se limite pas à un changement de discours. Elle implique une refonte en profondeur des structures et des modes de fonctionnement. Plusieurs organismes, jugés inefficaces, sont appelés à être restructurés, voire supprimés. L’exemple du Bureau des Relations avec le Citoyen, souvent cité comme illustration d’une structure défaillante, montre la volonté de rationaliser l’appareil administratif et de recentrer l’action publique sur les besoins réels des usagers
L’administration électronique comme levier de modernisation
La digitalisation de l’administration figure parmi les axes majeurs de la transformation en cours. Le développement de plateformes numériques vise à simplifier les procédures, à améliorer l’accès des citoyens aux services publics et à réduire les délais de traitement. Des initiatives telles que le Portail national des services publics ou le système e-Défense illustrent les avancées réalisées dans ce domaine. La stratégie nationale de gouvernance numérique prévoit d’étendre ces services à des secteurs clés comme la santé, l’éducation et la justice, tout en renforçant les infrastructures numériques sur l’ensemble du territoire
Gouvernance locale et participation citoyenne
La réforme administrative s’accompagne également d’une refonte de la gouvernance locale. Le nouveau découpage administratif et la création progressive de conseils locaux et régionaux visent à rapprocher l’administration des citoyens et à ancrer une démocratie plus directe. Cette démarche s’inscrit dans la continuité du processus révolutionnaire engagé depuis 2011, avec pour ambition de traduire la volonté populaire en actions concrètes et tangibles
Un défi collectif pour l’avenir de la Tunisie
La réussite de cette révolution administrative dépendra de la capacité de l’ensemble des acteurs – responsables, agents publics, citoyens – à s’approprier le changement et à œuvrer ensemble pour une administration dynamique, responsable et efficace. Le Président l’a martelé : l’État doit être au service du peuple, et non l’inverse. La Tunisie est aujourd’hui à la croisée des chemins, face à un défi historique qui déterminera la qualité de vie de ses citoyens et la compétitivité du pays pour les années à venir.
La révolution administrative ne fait que commencer. Sa réussite sera le fruit d’une volonté politique affirmée, d’une implication sans faille des acteurs publics et d’une mobilisation citoyenne autour d’un objectif commun : bâtir une administration moderne, transparente et performante, au service de tous.