Le Palais de Carthage a récemment été le théâtre d’une rencontre déterminante entre le président de la République, Kaïs Saïed, et le ministre de la Jeunesse et des Sports, Sadok Mourali. Au cœur des échanges : le projet de loi sur les structures sportives, une réforme qui s’annonce décisive pour l’avenir du sport tunisien et la gestion de ses infrastructures.
Un système sportif à bout de souffle
Le président Saïed n’a pas mâché ses mots en évoquant l’état actuel du secteur. Selon lui, la législation en vigueur a engendré un système hybride, oscillant entre amateurisme et professionnalisme, sans jamais réellement s’aligner sur l’un ou l’autre. Ce flou juridique a favorisé l’apparition de dysfonctionnements profonds et d’inégalités criantes entre les clubs sportifs, notamment au détriment des équipes dites « mineures » qui peinent à trouver leur place et à se développer dans un environnement peu structuré.
Lutte contre la corruption et les réseaux parallèles
Au-delà des aspects purement sportifs, le chef de l’État a mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer de front à la corruption qui gangrène le secteur. Il a dénoncé la prolifération de réseaux de courtage et de pratiques relevant du « marché noir », véritables terrains fertiles pour des réseaux tentaculaires de corrompus. La transparence et le contrôle strict des transactions sportives figurent désormais parmi les priorités affichées de la réforme, dans l’objectif de moraliser le secteur et de garantir l’équité entre tous les acteurs.
Des infrastructures sportives délaissées et menacées
La situation des infrastructures sportives a également été longuement débattue. De nombreux complexes, à l’image du célèbre complexe olympique d’El Menzah, se trouvent aujourd’hui dans un état de délabrement avancé. Le président Saïed a pointé du doigt des stratégies délibérées de négligence visant à céder ces biens publics à des prix dérisoires. Il a appelé à une mobilisation nationale pour contrer ces manœuvres et préserver le patrimoine sportif du pays.
Redonner vie aux maisons de jeunes
Autre point clé de la rencontre : la réhabilitation des maisons de jeunes. Jadis lieux de savoir, de culture et de sport, ces établissements ont été progressivement délaissés, privant la jeunesse tunisienne d’espaces d’épanouissement et de protection contre les dérives sociales. Le président a insisté sur l’urgence de leur redonner leur rôle central dans l’encadrement et la protection des jeunes, afin de leur offrir des alternatives constructives à la marginalisation et aux incivilités.
Vers une nouvelle ère pour le sport tunisien
Ce projet de loi marque ainsi un tournant majeur dans la volonté du pouvoir exécutif de refonder en profondeur le système sportif tunisien. Il s’agit de doter le pays d’un cadre juridique cohérent, transparent et adapté aux défis actuels : développement des clubs, lutte contre la corruption, sauvegarde des infrastructures et intégration sociale de la jeunesse.
La réforme des structures sportives, telle que voulue par le président Saïed, s’inscrit dans une dynamique plus large de construction nationale et de moralisation de la vie publique. Elle ambitionne de faire du sport un véritable levier de développement, d’éthique et de cohésion sociale, tout en offrant à la Tunisie les moyens de ses ambitions sur la scène régionale et internationale.
Les prochains mois seront déterminants pour mesurer l’impact de cette réforme et la capacité des acteurs du secteur à s’approprier cette nouvelle vision. Une chose est sûre : le sport tunisien s’apprête à tourner une page de son histoire, sous le signe de la transparence, de l’équité et du renouveau.