Un nouveau chapitre s’ouvre dans la confrontation entre la Russie et les géants du numérique occidentaux. Ce lundi, la justice russe a condamné Google, accusant l’entreprise d’avoir révélé des informations sensibles concernant les pertes humaines de l’armée russe dans le contexte de la guerre en Ukraine. Cette décision judiciaire vient renforcer la pression exercée par Moscou sur les plateformes étrangères, déjà dans le viseur des autorités pour leur gestion des contenus liés au conflit.
Une condamnation pour divulgation d’informations jugées sensibles
Selon des documents judiciaires relayés par les médias russes, un tribunal de Moscou a jugé Google coupable d’avoir permis la diffusion de données sur les soldats russes tués lors des opérations militaires en Ukraine. Les autorités russes estiment que la publication de telles informations porte atteinte à la sécurité nationale et contrevient à la législation locale, qui interdit strictement la communication sur les pertes militaires, considérées comme relevant du secret d’État.
Cette affaire s’inscrit dans une série de mesures prises par le Kremlin pour contrôler l’information autour de la guerre et limiter la circulation de données jugées nuisibles à l’image ou à la stratégie de la Russie. Depuis le début du conflit, les autorités ont multiplié les lois et les sanctions visant à restreindre la diffusion de contenus qualifiés de « fausses informations » ou de révélations non autorisées sur l’armée.
Des sanctions financières sans précédent
La condamnation de Google s’accompagne d’une amende colossale, s’ajoutant à une série de pénalités déjà infligées à l’entreprise ces derniers mois. La justice russe a imposé des montants records, parfois calculés en fonction du chiffre d’affaires local de Google, pour sanctionner la société pour la publication de contenus jugés illégaux ou pour son refus de supprimer certaines informations de ses plateformes, notamment YouTube
Déjà en 202, Google avait écopé d’une amende de plus de 360 millions d’euros pour n’avoir pas supprimé des vidéos dénonçant l’offensive russe en Ukraine et relayant des informations sur les pertes militaires. Les autorités russes accusent également la plateforme d’héberger des contenus appelant à des actes de sabotage ou à des manifestations non autorisées
Un contexte de censure renforcée
La Russie a considérablement durci son arsenal juridique pour contrôler la communication autour du conflit. Toute diffusion d’informations non validées par les autorités sur l’armée russe peut désormais valoir à ses auteurs de lourdes peines de prison, allant jusqu’à 15 ans. Plusieurs personnes ont déjà été condamnées sur la base de ces nouvelles lois.
Dans ce contexte, les plateformes étrangères comme Google, YouTube ou encore Meta (Facebook, Instagram) sont régulièrement accusées de ne pas se conformer aux exigences russes. Les autorités ont même qualifié certaines de leurs activités de « terroristes » et menacé de bloquer purement et simplement l’accès à leurs services sur le territoire russe
Des enjeux politiques et économiques majeurs
Au-delà de la question de la liberté d’expression, cette affaire illustre la volonté de Moscou de reprendre la main sur l’espace informationnel russe et de limiter l’influence des acteurs étrangers. Les sanctions financières imposées à Google visent non seulement à sanctionner l’entreprise, mais aussi à envoyer un signal fort à toutes les plateformes qui refuseraient de se plier aux règles russes.
Parallèlement, la Russie a saisi les comptes bancaires locaux de Google, utilisant une partie des fonds récupérés pour financer des médias pro-Kremlin et soutenir la communication officielle sur la guerre en Ukraine Cette stratégie vise à affaiblir la présence des géants du numérique occidentaux tout en consolidant le contrôle de l’État sur l’information.
Un bras de fer appelé à durer
Face à ces pressions, Google a réduit ses activités en Russie et tente de se défendre devant les juridictions internationales. L’entreprise affirme que les poursuites et les amendes n’auront pas d’impact significatif sur ses finances mondiales, mais la bataille judiciaire se poursuit dans plusieurs pays, la Russie cherchant à saisir des actifs de Google à l’étranger
Cette nouvelle condamnation marque une étape supplémentaire dans l’escalade des tensions entre Moscou et les grandes entreprises technologiques, sur fond de guerre de l’information et de contrôle du récit autour du conflit en Ukraine. Les prochains mois diront si ce bras de fer aboutira à un retrait définitif des plateformes occidentales du marché russe ou à un durcissement encore plus strict de la censure numérique.