L’Irak est de nouveau confronté à une recrudescence inquiétante des cas de fièvre hémorragique virale, une maladie redoutée pour sa gravité et son potentiel de transmission. Depuis le début de l’année, le ministère de la Santé irakien a signalé plusieurs décès, dont un membre du personnel médical, ainsi que quatorze nouvelles infections, remettant la maladie sur le devant de la scène sanitaire.
Qu’est-ce que la fièvre hémorragique virale ?
La fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC) est l’une des formes les plus graves de fièvre hémorragique virale. Elle est provoquée par un virus du genre Orthonairovirus, transmis principalement par les tiques du genre Hyalomma, mais aussi par contact direct avec le sang ou les tissus d’animaux infectés, notamment lors de l’abattage du bétail. L’Irak, pays où l’élevage de moutons et de bovins est très répandu, est considéré comme une zone endémique de la maladie depuis la fin des années 1970
Symptômes et évolution de la maladie
La FHCC se manifeste brutalement après une période d’incubation de 1 à 14 jours. Les premiers signes incluent une fièvre élevée, des douleurs musculaires, des maux de tête, des nausées et parfois des troubles digestifs. Rapidement, la maladie évolue vers des symptômes plus graves : éruptions cutanées, saignements de nez, de gencives, voire hémorragies internes, tachycardie et troubles neurologiques. Dans les cas les plus sévères, une insuffisance hépatique, rénale ou pulmonaire peut survenir, entraînant la mort dans près de 30 % des cas
Transmission et facteurs de risque
Le virus se transmet à l’homme principalement par morsure de tique infectée ou par contact direct avec du sang ou des tissus d’animaux contaminés. Les personnes travaillant dans l’agriculture, l’élevage ou les abattoirs sont particulièrement exposées. Les périodes de fêtes religieuses, durant lesquelles de nombreux animaux sont abattus, augmentent le risque de propagation, tout comme les déplacements de population et d’animaux à travers les frontières
Situation actuelle en Irak
Les autorités sanitaires irakiennes ont intensifié la surveillance épidémiologique, notamment dans les régions les plus touchées comme Dhi Qar et Bassorah. Des équipes spécialisées procèdent à des enquêtes de terrain, à la recherche des cas et de leurs contacts, tout en menant des études entomologiques pour identifier les vecteurs. En 202, l’Irak avait déjà enregistré plusieurs dizaines de cas confirmés et une dizaine de décès, et la tendance semble malheureusement se poursuivre en 202
Prévention et recommandations
Aucun vaccin n’est actuellement disponible pour la fièvre hémorragique de Crimée-Congo. La prévention repose donc essentiellement sur la protection contre les piqûres de tiques (vêtements couvrants, répulsifs), l’utilisation de gants lors de la manipulation d’animaux ou de viande crue et le respect strict des mesures d’hygiène dans les abattoirs. Les autorités recommandent également d’éviter tout contact avec des animaux potentiellement infectés, en particulier durant les périodes de forte activité agricole ou d’abattage massif
Un enjeu de santé publique régional
La résurgence de la fièvre hémorragique en Irak interpelle l’ensemble de la région, d’autant que la maladie n’est pas confinée à ce seul pays. Elle sévit également dans d’autres zones du Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. Les experts mettent en garde contre le risque de transmission transfrontalière, notamment lors des grands rassemblements religieux ou des mouvements d’animaux.
Conclusion : vigilance et mobilisation
Face à cette nouvelle vague d’infections, la vigilance reste de mise. La lutte contre la fièvre hémorragique de Crimée-Congo nécessite une mobilisation coordonnée des autorités sanitaires, des professionnels de santé et de la population, afin de limiter la propagation du virus et de protéger les groupes les plus vulnérables. Les efforts de sensibilisation, la surveillance accrue et le respect des mesures de prévention sont aujourd’hui les meilleurs remparts contre ce fléau silencieux qui continue de menacer la santé publique en Irak et au-delà.