La bande de Gaza traverse l’une des pires crises humanitaires de son histoire. Selon les dernières alertes du Programme alimentaire mondial (PAM), près de deux millions de personnes survivent désormais sans aucun revenu, intégralement tributaires des distributions alimentaires pour se nourrir. L’escalade des tensions, le blocus prolongé et la fermeture des points de passage ont transformé le territoire en un piège humanitaire où la faim progresse à un rythme alarmant.
Une économie anéantie, une population exsangue
Les chiffres sont accablants : avec un taux de pauvreté avoisinant les 100 % à Gaza, l’activité économique s’est effondrée sous le poids des destructions massives et des restrictions israéliennes. Les infrastructures vitales – commerces, usines, réseaux d’approvisionnement – gisent en ruines, paralysant toute possibilité de relance. Les quelques boulangeries encore opérationnelles, soutenues par le PAM, ont dû fermer leurs portes en avril 2025 face à l’épuisement des stocks de farine, pourtant essentiels à la survie des familles.
La fermeture des postes frontières depuis début mars a aggravé la pénurie. Seules 5 700 tonnes de vivres restent disponibles dans les entrepôts gazouis, de quoi tenir deux semaines au mieux. À l’extérieur, 85 000 tonnes d’aide attendent un hypothétique feu vert pour entrer, tandis que les prix des denrées flambent : +400 % pour la farine, +300 % pour le gaz de cuisson en quelques semaines.
Le spectre de la famine, une arme de guerre dénoncée
« La situation dépasse l’entendement », résument les travailleurs humanitaires sur place. Les familles réduisent leurs repas à un seul par jour, composé de conserves ou de légumes avariés quand elles en trouvent. Les enfants présentent des carences nutritionnelles sévères, signe avant-coureur d’une crise sanitaire majeure.
Le PAM tire la sonnette d’alarme : 30 000 tonnes de nourriture mensuelles sont nécessaires pour couvrir les besoins de base de 1, million de Gazaouis. Un objectif hors d’atteinte sans l’ouverture immédiate des couloirs logistiques. Les appels répétés à un cessez-le-feu durable et à la protection des convois restent lettre morte, les distributions étant régulièrement interrompues par les affrontements.
Cisjordanie : l’étau se resserre
L’onde de choc économique frappe aussi la Cisjordanie, où le PIB a chuté de 2, % en un an. À Hébron, épicentre d’une crise sociale explosive, chômage et inflation alimentent un climat de violence inédit. Les trafics d’armes et de drogue prospèrent dans les zones sous contrôle israélien, tandis que les commerçants paient un lourd tribut aux restrictions de circulation.
L’Autorité palestinienne, au bord de la faillite, ne peut compenser l’effondrement des revenus. Le PAM y redouble d’efforts avec des coupons alimentaires et des transferts monétaires, mais les financements internationaux s’amenuisent : -40 % de budgets alloués à l’aide alimentaire mondiale en 20, selon l’ONU.
Urgence absolue : 265 millions de dollars nécessaires
Face à l’ampleur du désastre, le Programme alimentaire mondial lance un appel urgent à la communauté internationale : 265 millions de dollars doivent être débloqués d’ici six mois pour éviter un point de non-retour. Cet argent permettrait de fournir une assistance vitale à 1, million de Palestiniens, de relancer les boulangeries communautaires et de sécuriser les circuits logistiques.
Mais au-delà de l’aide d’urgence, c’est un changement de paradigme politique qui s’impose. La faim, utilisée comme arme de guerre selon des observateurs internationaux, cristallise l’impasse d’un conflit où les civils paient le prix fort. Tandis que les discours se succèdent dans les enceintes diplomatiques, Gaza sombre jour après jour dans une catastrophe annoncée.
Footnotes
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