Kairouan : Démolition urgente du mur d’une école primaire classé « dangereux » pour protéger élèves et enseignants
Dans un souci de sécurité immédiat, les autorités locales de Kairouan ont procédé, hier, à la démolition du mur d’enceinte de l’école primaire « Hay Ennasr » située dans la délégation de Kairouan Sud. Jugé instable et présentant un risque imminent d’effondrement, cet ouvrage menaçait directement la sécurité des écoliers et du personnel éducatif. Une intervention rapide, sous supervision technique, a permis d’éliminer le danger sans incident.
Un mur devenu piège
Le mur externe, érigé il y a plusieurs décennies, montrait depuis des mois des signes inquiétants de dégradation : fissures profondes, affaissements localisés et décollements de matériaux. Des parents d’élèves et des enseignants avaient à plusieurs reprises alerté les responsables locaux sur l’état critique de la structure, dénonçant un « danger quotidien » pour les enfants qui jouaient à proximité. « Chaque jour, on craignait qu’il ne s’écroule sur un élève », témoigne un membre du corps enseignant sous couvert d’anonymat.
Classé « menaçant » par les experts après une évaluation technique, le mur a finalement été détruit méthodiquement par des équipes spécialisées, équipées d’engins de démolition. Les opérations se sont déroulées en dehors des heures de cours pour éviter tout risque supplémentaire.
Une réponse préventive dans un contexte national tendu
Cette intervention s’inscrit dans un climat d’urgence nationale concernant la sécurité des infrastructures scolaires. Après l’effondrement mortel d’un mur à Mezzouna en avril 2025 – ayant coûté la vie à trois élèves –, le gouvernement a multiplié les inspections techniques et les opérations correctives. Plusieurs établissements à travers le pays font actuellement l’objet de travaux de sécurisation, priorisant les zones identifiées comme « à haut risque ».
À Kairouan Sud, la démolition du mur de l’école Hay Ennasr illustre cette nouvelle approche proactive. Les autorités ont choisi d’anticiper plutôt que de subir, une décision saluée par les habitants du quartier. « Enfin, on prend au sérieux la vie de nos enfants », confie un parent présent sur les lieux lors des travaux.
Des défis structurels persistants
Si l’initiative est louable, elle met en lumière les lacunes chroniques en matière de maintenance des bâtiments scolaires publics. En Tunisie, de nombreuses écoles – particulièrement dans les régions intérieures – souffrent d’un manque criant d’entretien, héritage de décennies de négligence et de budgets limités.
Le cas de Hay Ennasr n’est pas isolé : humidité infiltrée, peintures écaillées, sanitaires vétustes et toitures fissurées font partie du quotidien de nombreux établissements. « On bricole des solutions temporaires, mais sans budget dédié, c’est une course contre la montre », explique un directeur d’école de la région.
Vers une sécurisation globale ?
La démolition du mur s’accompagne désormais d’un projet de reconstruction, selon des normes antisismiques et de durabilité renforcées. Les autorités promettent un nouveau mur « dans les meilleurs délais », sans toutefois fournir de calendrier précis. En parallèle, des discussions sont en cours pour équiper l’école de caméras de surveillance, suivant l’exemple d’autres établissements tunisiens où ce dispositif a réduit les actes de vandalisme.
Cette catastrophe évitée relance également le débat sur l’urgence de moderniser le parc scolaire. Associations de parents et syndicats enseignants réclament un plan national d’envergure, combinant audits techniques systématiques, budgets dédiés et mécanismes de signalement rapide des anomalies.
Les leçons de Mezzouna
L’ombre du drame de Mezzouna plane sur toutes ces initiatives. La mort des trois élèves avait provoqué une onde de choc nationale, poussant le président Kaïs Saïed à exiger des « mesures urgentes » pour sécuriser les écoles. Lors d’une réunion ministérielle tenue en avril 202, il avait insisté sur la nécessité de dépasser les « lourdeurs administratives » face au péril.
À Hay Ennasr, les enseignants espèrent que cet élan ne retombera pas. « Ce mur, c’est un symbole : soit on continue à ignorer les problèmes jusqu’à la prochaine tragédie, soit on change vraiment les choses », lance une institutrice.
Une communauté soulagée mais vigilante
Les familles du quartier respirent aujourd’hui un peu mieux, tout en restant sur le qui-vive. « On surveillera la reconstruction de près », prévient un représentant des parents d’élèves. La prochaine étape consistera à sécuriser d’autres parties de l’école, dont le portail principal et certaines salles de classe aux plafonds fragilisés.
Dans cette région où les établissements scolaires servent souvent de refuge contre la précarité environnante, chaque pierre compte. La démolition d’un mur n’est qu’un début – le véritable défi reste de construire un système éducatif où la sécurité n’est plus une option, mais une priorité absolue.