La carte orange d’assurance interarabe, instaurée en 1975 à Tunis, devait faciliter la circulation des automobilistes entre les pays arabes en leur offrant une couverture d’assurance unique et reconnue dans tous les États membres. Pourtant, malgré les dizaines de milliers de Tunisiens qui voyagent chaque année vers l’Algérie, la Libye ou d’autres pays voisins, son usage reste étonnamment limité dans le pays.
Un dispositif sous-utilisé malgré son potentiel
Selon Ahmed Hadroug, directeur général du Bureau Unifié Automobile Tunisien (BUAT), le recours à la carte orange n’a pas connu l’essor escompté. Beaucoup de Tunisiens préfèrent encore souscrire une assurance frontalière temporaire à chaque passage, plutôt que d’opter pour la carte orange, qui offre pourtant une protection continue et valable dans 17 pays arabes. Cette situation freine non seulement la fluidité des déplacements, mais limite aussi les bénéfices potentiels pour le tourisme, le commerce et les échanges économiques entre pays arabes
Des avantages concrets pour les automobilistes
La carte orange permet aux conducteurs tunisiens de voyager en toute sérénité dans les pays membres, sans avoir à souscrire une nouvelle assurance à chaque frontière. Moyennant une cotisation annuelle comprise entre 100 et 150 dinars, elle couvre les sinistres pouvant survenir à l’étranger, protégeant non seulement la partie lésée, mais aussi le conducteur, les passagers et le véhicule. Ce système est géré par le BUAT, qui coordonne également avec les bureaux unifiés des autres pays pour accélérer les procédures d’indemnisation et assurer la gestion des dossiers transfrontaliers
Modernisation et digitalisation : vers une carte orange électronique
Pour s’adapter aux évolutions technologiques et lutter contre la fraude, la carte orange a amorcé sa transition vers un format électronique. Depuis 2022, la version numérique, dotée d’un QR code, permet de vérifier instantanément la validité de l’assurance et simplifie les contrôles aux frontières. Cette innovation vise à encourager davantage d’automobilistes à adopter la carte orange et à faciliter les démarches administratives
Quelles solutions pour booster l’adoption en Tunisie ?
Face à ce constat de sous-utilisation, plusieurs mesures sont envisagées. Le BUAT travaille sur une étude technique pour réduire les tarifs, adapter la durée de validité de la carte et installer des points de vente dans les principaux postes frontaliers. Des campagnes de sensibilisation sont également prévues pour informer les automobilistes tunisiens des avantages de la carte orange et des facilités qu’elle offre lors des déplacements à l’étranger
De plus, la coordination entre les bureaux d’assurance arabes est renforcée pour améliorer la gestion des sinistres et accélérer les indemnités versées aux victimes d’accidents impliquant des véhicules étrangers. En Tunisie, plus d’un millier de nouveaux dossiers d’indemnisation sont ouverts chaque année, avec des montants annuels versés oscillant entre 7 et 8 millions de dinars pour les cartes verte et orange
Un enjeu régional pour la mobilité et la sécurité
À l’horizon 2030, l’objectif est d’atteindre 5 millions de cartes orange en circulation dans l’ensemble des pays arabes, contre 3 millions actuellement. Cette ambition s’appuie sur l’augmentation des échanges commerciaux et la volonté de simplifier la mobilité régionale. Pour y parvenir, il est essentiel que la Tunisie développe davantage ce dispositif, en rendant la carte orange plus accessible, mieux connue et adaptée aux besoins des voyageurs tunisiens
La carte orange représente ainsi un levier stratégique pour renforcer l’intégration régionale, sécuriser les déplacements et soutenir le développement économique et touristique. Son essor dépendra de la capacité des acteurs tunisiens à moderniser l’offre, à sensibiliser les usagers et à s’adapter aux nouveaux usages numériques.