Devant le théâtre municipal, la colère des encadrants non contractuels éclate : vers une solution ou une nouvelle crise ?

Devant le théâtre municipal, la colère des encadrants non contractuels éclate : vers une solution ou une nouvelle crise ?

Ce mardi matin, le centre de Tunis a été le théâtre d’une mobilisation inédite. Plusieurs dizaines d’enseignants, de conseillers pédagogiques et d’agents d’encadrement non contractuels se sont rassemblés devant le théâtre municipal, en plein cœur de l’avenue Habib Bourguiba, pour réclamer la régularisation de leur situation professionnelle. Munis de pancartes et de banderoles, les protestataires ont appelé le président de la République à intervenir personnellement pour mettre fin à ce qu’ils qualifient de « marginalisation » et d’« injustice persistante ».

Qui sont ces encadrants et pourquoi protestent-ils ?

Les manifestants, issus principalement du secteur de l’éducation et de la formation professionnelle, exercent depuis plusieurs années sans bénéficier d’un contrat de travail stable ni de garanties sociales. Leur statut précaire les prive d’avantages essentiels : couverture sociale, droit à la retraite, avancement professionnel et sécurité de l’emploi. Selon leurs témoignages, nombre d’entre eux cumulent des années de service sans aucune reconnaissance officielle, malgré leur implication dans le fonctionnement quotidien des établissements scolaires et centres de formation.

Cette situation, dénoncée depuis des mois par les syndicats, s’est aggravée avec la crise économique et sociale qui frappe la Tunisie. Les encadrants non contractuels se disent victimes d’une « double peine » : précarité matérielle et sentiment d’injustice face à l’absence de perspectives d’intégration dans la fonction publique.

Des revendications claires et un appel à la présidence

Au cours de la manifestation, les protestataires ont scandé des slogans exigeant la « justice sociale » et la « fin de l’exploitation ». Ils demandent l’ouverture immédiate d’un dialogue avec les autorités, l’élaboration d’un plan de régularisation transparent et la reconnaissance de leurs années de service dans le calcul de l’ancienneté. Certains manifestants ont également souligné que leur situation compromet la qualité de l’encadrement pédagogique, en raison du manque de stabilité et de motivation.

Le choix du théâtre municipal comme lieu de rassemblement n’est pas anodin : symbole de la vie civique et du débat public, il incarne aussi l’espoir d’une écoute attentive de la part des décideurs. Les manifestants ont remis une lettre ouverte à destination du président de la République, l’exhortant à intervenir pour « mettre fin à une injustice qui n’a que trop duré ».

Un malaise qui s’inscrit dans un contexte social tendu

Cette mobilisation s’inscrit dans un climat social marqué par la multiplication des mouvements de protestation dans différents secteurs. La crise économique persistante, la hausse du chômage et le gel des recrutements dans la fonction publique alimentent la frustration et l’inquiétude. Les syndicats de l’éducation et de la fonction publique ont déjà alerté à plusieurs reprises sur le risque d’une « explosion sociale » si des mesures concrètes ne sont pas prises pour répondre aux revendications des travailleurs précaires.

Pour les encadrants non contractuels, cette manifestation n’est qu’une étape dans un long combat pour la dignité et la reconnaissance. Ils menacent de durcir leur mouvement si aucune avancée n’est enregistrée dans les prochains jours, évoquant la possibilité de grèves et d’actions de protestation plus larges.

Quelles perspectives pour une sortie de crise ?

Face à cette mobilisation, les autorités sont désormais sous pression pour trouver une solution rapide et équitable. Plusieurs scénarios sont évoqués : ouverture de négociations tripartites (gouvernement, syndicats, représentants des encadrants), adoption d’un plan de titularisation progressif ou encore mise en place de contrats à durée indéterminée pour les agents concernés.

La balle est désormais dans le camp du gouvernement, qui devra arbitrer entre les contraintes budgétaires et la nécessité de préserver la paix sociale. Pour les encadrants non contractuels, l’espoir d’une régularisation reste intact, mais la patience s’amenuise. Le sort de milliers de familles dépendra des décisions qui seront prises dans les prochaines semaines, alors que la rue continue de gronder au cœur de la capitale.

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