La Tunisie tourne une page décisive dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. Selon la déclaration récente de l’Association internationale pour la défense des droits de l’homme et des médias, le pays n’est plus un simple point de passage pour les réseaux internationaux de drogue. Cette affirmation intervient alors que les autorités tunisiennes multiplient les opérations d’envergure contre les trafiquants et que les saisies de substances illicites atteignent des records historiques.
Des saisies sans précédent et des réseaux démantelés
Les derniers mois ont été marqués par une intensification remarquable de la lutte antidrogue. Le 19 avril 2025, la Tunisie a enregistré la plus grande saisie de son histoire : plus d’un million de comprimés d’ecstasy, d’une valeur dépassant 40 milliards de dinars, ont été interceptés par la Garde nationale. Cette opération, fruit de plusieurs mois de surveillance et de coopération entre les différentes unités de sécurité, a permis le démantèlement d’un réseau international qui ciblait notamment les jeunes et les milieux éducatifs
D’autres opérations ont également permis l’arrestation de dizaines de suspects, y compris des étrangers, et la saisie de quantités importantes de cocaïne, de cannabis et d’autres substances synthétiques. Les forces de l’ordre ont mis la main sur des véhicules de luxe utilisés pour le transport, ainsi que sur des sommes d’argent issues du blanchiment
Un changement de statut : du transit à la consommation
Longtemps considérée comme une zone de transit privilégiée par les réseaux maghrébins et européens, la Tunisie est aujourd’hui confrontée à une mutation du phénomène. Le pays n’est plus seulement un couloir pour les trafiquants, mais aussi un marché de consommation en pleine expansion. En 2024, le nombre de personnes impliquées dans des affaires de trafic ou de consommation de drogue a franchi la barre des 23 700, contre 18 833 l’année précédente
Les méthodes employées par les réseaux criminels se sont diversifiées : utilisation d’animaux pour franchir les frontières terrestres, exploitation des conditions météorologiques pour les livraisons maritimes, et recours aux nouvelles technologies pour échapper à la surveillance. Malgré cette sophistication, les forces de sécurité tunisiennes ont su adapter leurs stratégies et renforcer la coopération régionale et internationale.
Une vigilance accrue et une justice plus ferme
Le ministère de l’Intérieur a réaffirmé sa détermination à poursuivre cette guerre contre la drogue sans relâche. Les agents de sécurité impliqués dans des affaires de trafic sont désormais poursuivis et sanctionnés selon la loi, et les réseaux démantelés font l’objet d’enquêtes approfondies. Les autorités insistent sur la nécessité de maintenir une vigilance constante, notamment face à l’implication croissante de jeunes adultes dans ces réseaux
La société civile, à travers les associations de défense des droits de l’homme, salue ces avancées tout en appelant à une politique globale de prévention, d’éducation et de réinsertion pour les personnes vulnérables à la dépendance.
La Tunisie, modèle régional dans la lutte antidrogue ?
L’efficacité des récentes opérations et la fermeté affichée par les autorités tunisiennes pourraient faire de la Tunisie un exemple pour ses voisins de la région. Les grandes saisies et le démantèlement de réseaux internationaux témoignent d’une volonté politique forte et d’une capacité opérationnelle renforcée.
Cependant, le défi reste immense : il s’agit non seulement de couper les routes du transit, mais aussi de contenir la progression de la consommation locale et de démanteler les filières internes. Les prochains mois seront déterminants pour confirmer ce changement de statut et asseoir la Tunisie comme un acteur clé de la lutte contre le narcotrafic en Méditerranée.