« Le Nobel vert » décroché par une Tunisienne : l’incroyable combat contre un trafic de déchets italo-tunisien

« Le Nobel vert » décroché par une Tunisienne : l’incroyable combat contre un trafic de déchets italo-tunisien

La scientifique tunisienne Semia Gharbi vient d’entrer dans l’histoire en devenant la première lauréate du prestigieux Goldman Environmental Prize pour l’Afrique. Une consécration internationale pour son combat acharné contre un réseau de trafic de déchets entre l’Italie et la Tunisie, révélant au passage une corruption systémique à grande échelle.

6 000 tonnes de déchets illégaux retournés à l’expéditeur
Le cœur de ce scandale environnemental remonte à 201, lorsque les douanes tunisiennes découvrent 282 conteneurs en provenance d’Italie, censés contenir des matériaux recyclables. En réalité, près de 6 000 tonnes de déchets ménagers non triés, parfois toxiques, gisaient dans ces cargaisons. Semia Gharbi et son réseau d’activistes du Green Tunisia Network ont alors orchestré une contre-attaque implacable.

Grâce à un mélange de rigueur scientifique et de militantisme terrain, leur campagne a conduit au renvoi intégral des déchets vers l’Italie en février 20. Un précédent historique dans la gestion des déchets transfrontaliers, obtenu après trois ans de bataille juridique et médiatique.

Un réseau de corruption éventré
L’enquête a mis à nu un système bien rodé : des fonctionnaires corrompus, des intermédiaires véreux et des entreprises peu scrupuleuses des deux côtés de la Méditerranée. Plus de 40 personnes ont été interpellées, dont des hauts responsables administratifs tunisiens et italiens.

« Ce trafic profitait de la vulnérabilité de notre système de gestion des déchets », explique une source proche du dossier. Les investigations ont révélé des surfacturations, des faux documents et des complicités à tous les niveaux administratifs.

L’effet domino sur les politiques européennes
Le retentissement de cette affaire a forcé l’Union européenne à revoir sa copie. Bruxelles a durci ses contrôles sur l’exportation des déchets, notamment vers les pays non membres de l’OCDE. Une victoire indirecte pour tous les États africains confrontés à ce fléau.

« Cette affaire a démontré comment un pays du Sud peut inverser le rapport de force », analyse un expert en droit environnemental. Le cas tunisien sert désormais de modèle dans les négociations internationales sur l’économie circulaire.

Le parcours d’une militante hors norme
Biologiste et géologue de formation, Semia Gharbi cumule les casquettes :

  • Fondatrice de l’Association d’éducation environnementale pour les futures générations

  • Membre influent du comité directeur d’IPEN, réseau mondial anti-pollution

  • Négociatrice clé dans les conventions internationales sur le mercure et les plastiques

Son credo : l’éducation comme arme absolue. « On ne peut pas protéger ce qu’on ne comprend pas », répète-t-elle dans ses conférences.

Les coulisses d’une victoire
Le combat n’a pas été sans risques. Menaces téléphoniques, pressions politiques et tentatives de discrédit ont jalonné son parcours. La stratégie gagnante ? Allier preuves scientifiques irréfutables et médiatisation intelligente.

« Nous avons rendu le scandale visible, impossible à enterrer », confie un membre de son équipe. Les réseaux sociaux ont servi de caisse de résonance, tandis que les rapports techniques fournissaient l’assise juridique nécessaire.

L’impact sur le paysage environnemental tunisien
Cette affaire a révélé au grand jour les failles du système national de gestion des déchets :

  • Centres d’enfouissement saturés au-delà de leurs capacités

  • Législation obsolète sur l’importation des déchets

  • Manque cruel de centres de tri modernes

Autant de défis que Semia Gharbi compte transformer en opportunités. « Le retour des déchets italiens doit marquer un nouveau départ pour notre politique environnementale », plaide-t-elle.

Le prix comme tremplin
Le demi-million de dollars qui accompagne le Goldman Prize sera investi dans deux projets phares :

  1. Un observatoire citoyen de surveillance des déchets

  2. Un programme éducatif itinérant dans les écoles primaires

« L’enjeu désormais, c’est de transformer cette victoire symbolique en changement concret », insiste la lauréate.

Les prochaines batailles
En ligne de mire :

  • L’interdiction totale des importations de déchets plastiques

  • La réhabilitation urgente des décharges sauvages

  • L’intégration des recycleurs informels dans l’économie verte

Le combat contre les pesticides toxiques et le mercure dans les produits cosmétiques figure aussi parmi ses priorités.

Un modèle pour la jeunesse africaine
À 57 ans, Semia Gharbi incarne une nouvelle génération de militants africains : experts dans leur domaine, connectés internationalement, mais ancrés dans les réalités locales. Son prix sonne comme un encouragement pour tous ceux qui croient encore à la force du droit contre la fatalité.

Cette récompense place aussi la Tunisie sur la carte mondiale des pays pionniers en matière de justice environnementale. Un symbole fort pour une nation en quête de modèles positifs.

L’appel à une mobilisation continentale
« Ce prix n’est pas le mien, mais celui de tous les militants qui œuvrent dans l’ombre », tempère la lauréate. Son prochain défi : créer un réseau africain de veille anti-trafic de déchets, en partenariat avec des ONG du Nigeria, du Ghana et du Kenya.

Alors que la Méditerranée devient chaque jour un peu plus la poubelle de l’Europe, l’exemple tunisien montre qu’un autre chemin est possible. Reste à savoir si les décideurs sauront saisir cette opportunité historique.

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