Un avocat tunisien interpellé après un « terme métaphorique » lors d’un procès politique

Un avocat tunisien interpellé après un « terme métaphorique » lors d’un procès politique

Ce lundi 21 avril 202, les autorités judiciaires tunisiennes ont procédé à l’arrestation d’Ahmed Sawab, ancien magistrat et avocat membre du collectif de défense des détenus politiques. L’interpellation fait suite à l’utilisation d’une expression qualifiée de « métaphorique » dans une déclaration publique prononcée à l’issue d’une audience tenue vendredi dernier. Les circonstances précises de cette affaire, qui mêle enjeux juridiques et politiques, suscitent de vives réactions dans le milieu des droits humains.

Un procès sous tension

Ahmed Sawab figurait parmi les défenseurs d’une quarantaine d’accusés dans le dossier dit du « complot contre la sûreté de l’État ». Ces personnalités, issues de divers courants politiques, sont poursuivies pour « atteinte à la sécurité intérieure et extérieure », « appartenance à une organisation terroriste » et « contacts avec des parties étrangères ». Depuis le début des audiences en mars 202, la procédure est régulièrement critiquée par les avocats de la défense, qui dénoncent des « pressions sur les juges » et des « violations des garanties processuelles ».

L’arrestation de l’avocat intervient dans un contexte où les procédures judiciaires à caractère politique font l’objet d’une attention médiatique accrue. Les requêtes déposées par la défense – notamment pour annuler les audiences à distance et garantir une couverture transparente des débats – n’ont pas abouti à ce jour.

Une déclaration au cœur de la polémique

Selon les éléments disponibles, les accusations contre Ahmed Sawab porteraient sur l’emploi d’un « terme à double sens » lors d’une sortie médiatique. Bien que la formulation exacte n’ait pas été officiellement communiquée, des sources proches du dossier évoquent une analogie liée à la situation des détenus. Cette interprétation littérale par les autorités contraste avec la version des proches du défenseur, qui y voient une figure de style décontextualisée.

Le collectif d’avocats auquel appartient Sawab dénonce une « criminalisation du métier de la défense », soulignant que les déclarations litigieuses s’inscrivaient dans le cadre strict de son mandat professionnel. « Un avocat doit pouvoir user de la richesse de la langue sans être suspecté d’intentions cachées », a réagi un membre anonyme de l’ordre des avocats de Tunis.

Un précédent inquiétant pour les libertés ?

Cette arrestation survient alors que plusieurs organisations internationales pointent une réduction de l’espace démocratique en Tunisie. La gestion des établissements pénitentiaires, notamment, a récemment été au centre de vifs débats. La direction de la prison agricole de Zaïo a ainsi nié catégoriquement des allégations de surpopulation et de mauvais traitements dans un communiqué du 21 avril, illustrant la sensibilité accrue autour des questions carcérales.

Dans le cas précis d’Ahmed Sawab, les observateurs s’interrogent sur le risque d’un effet dissuasif pour les défenseurs des droits. « Quand on commence à poursuivre les avocats pour leurs tournures de phrases, c’est toute la profession qui est menacée », analyse un universitaire spécialisé en droit constitutionnel.

Mobilisations en vue

Des appels à des rassemblements pacifiques circulent sur les réseaux sociaux, invitant à une « vigie pour l’indépendance de la justice » devant le tribunal de Tunis. Les organisateurs exigent la libération immédiate de l’avocat et la garantie du droit à une défense sans entraves.

La date symbolique du 21 avril, jour de l’interpellation, pourrait devenir un marqueur dans les chroniques judiciaires tunisiennes. Alors que le procès du « complot » doit se poursuivre dans les prochains jours, l’équilibre entre sécurité nationale et libertés fondamentales s’annonce comme le véritable enjeu de cette affaire.

À suivre : Les réactions institutionnelles et associatives attendues dans les 48 heures pourraient clarifier la position des autorités sur ce dossier sensible.

Partager cet article