Après les lourdes condamnations, la colère gronde : les familles des détenus politiques brisent le silence

Après les lourdes condamnations, la colère gronde : les familles des détenus politiques brisent le silence

À la suite du verdict retentissant prononcé dans l’affaire dite du « complot contre la sûreté de l’État », la Coordination des familles des détenus politiques a publié un communiqué d’une rare fermeté, dénonçant la gravité des peines infligées et l’opacité du procès. Les condamnations, allant de 10 à 66 ans de prison, ont frappé une quarantaine de personnalités issues de l’opposition, de la société civile, du monde des affaires et du journalisme. Cette vague de répression judiciaire, inédite par son ampleur, a suscité une vive émotion et une mobilisation immédiate des proches des condamnés.

Un verdict sans précédent, une justice sous tension

Le jugement, tombé avant l’aube, a été qualifié d’« historique » par son ampleur et sa sévérité. Parmi les condamnés figurent des figures majeures de l’opposition, des avocats, des militants et des personnalités en exil. Certains, comme l’homme d’affaires Kamel Eltaïef, ont écopé de la peine maximale de 66 ans de prison, tandis que d’autres, tels que des membres du parti Ennahdha ou des militants de la société civile, ont reçu des peines allant de 13 à 48 ans de réclusion. La liste comprend également des accusés vivant à l’étranger, condamnés par contumace à de lourdes peines, dont l’intellectuel français Bernard-Henri Lévy et la militante Bochra Belhaj Hmida.

Procès sous haute tension et dénonciation des procédures

Ce procès hors norme s’est déroulé dans des conditions exceptionnelles : exclusion des journalistes, des observateurs internationaux et des diplomates, forte présence policière et absence de débat contradictoire. Les avocats de la défense ont dénoncé une « mascarade judiciaire », soulignant que les accusés n’ont pas pu présenter leur défense ni être entendus lors des audiences. La rapidité du délibéré et l’absence de transparence ont renforcé le sentiment d’injustice, alimentant la colère des familles et des soutiens des détenus.

Le communiqué : un appel à la mobilisation et à la lumière

Dans leur communiqué, les familles des détenus politiques refusent que ces condamnations soient prononcées « dans le silence et sous couvert de l’obscurité ». Elles affirment leur détermination à alerter l’opinion publique nationale et internationale sur la gravité de la situation, dénonçant une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Le texte met en garde contre les conséquences d’une telle dérive sur la cohésion sociale et la crédibilité des institutions tunisiennes.

Les familles appellent à la solidarité et à la mobilisation de tous les citoyens attachés aux valeurs de liberté, de justice et de respect des droits fondamentaux. Elles annoncent leur intention de poursuivre la lutte par tous les moyens légaux, notamment en interjetant appel contre les décisions rendues et en sollicitant le soutien des organisations nationales et internationales de défense des droits humains.

Des réactions en chaîne et une société sous le choc

L’annonce des condamnations a provoqué une onde de choc dans la société tunisienne. De nombreuses voix, issues de la classe politique, de la société civile et du monde associatif, ont exprimé leur inquiétude face à la gravité des peines et à la tournure prise par la justice. Des rassemblements spontanés ont eu lieu devant le palais de justice et dans plusieurs villes du pays, réclamant la libération des détenus et le respect des procédures équitables.

Les avocats des condamnés ont d’ores et déjà annoncé leur intention de faire appel, soulignant que cette étape est indispensable pour préserver les droits de la défense et éviter de nouvelles arrestations parmi les personnes encore en liberté. L’affaire, par son retentissement et ses implications politiques, s’annonce comme l’un des plus grands défis pour la Tunisie contemporaine.

Vers une escalade ou une sortie de crise ?

Face à la détermination des familles et à la mobilisation croissante de la société civile, les prochains jours seront décisifs. La question reste ouverte : ces condamnations marqueront-elles un tournant vers une crispation accrue du climat politique, ou ouvriront-elles la voie à une prise de conscience et à un dialogue national sur l’indépendance de la justice et le respect des droits fondamentaux ? Une chose est sûre : le silence n’est plus une option pour les familles des détenus, qui entendent faire entendre leur voix et défendre la mémoire de la justice tunisienne.

Partager cet article