Chute inattendue de la production pétrolière en Tunisie : quelles conséquences pour l’économie ?

Chute inattendue de la production pétrolière en Tunisie : quelles conséquences pour l’économie ?

La Tunisie fait face à une nouvelle baisse significative de sa production de pétrole brut, un phénomène qui interpelle autant les acteurs du secteur énergétique que l’ensemble de l’économie nationale. Selon les derniers chiffres publiés par l’Observatoire National de l’Énergie et des Mines, la production nationale de pétrole brut a atteint 219 kilotonnes à la fin février 202, soit une diminution de 9 % par rapport à la même période de l’année précédente. Cette tendance à la baisse, amorcée depuis plusieurs années, semble s’accentuer et toucher la majorité des principaux champs pétroliers du pays

Des champs pétroliers en perte de vitesse

La baisse de production concerne plusieurs sites majeurs. Parmi les plus touchés figurent Ouedzar (-63 %), Ashtart (-14 %), Miskar (-33 %), El Hajeb/Guebiba (-13 %), Gherib (-16 %) et Nawara (-23 %). À l’inverse, quelques champs comme El Borma (+17 %), M.L.D (+31 %) et Adam (+4 %) ont réussi à améliorer leur rendement, mais ces hausses demeurent insuffisantes pour compenser le recul global

La moyenne journalière de la production de pétrole a ainsi chuté, passant de 32 700 barils par jour à la fin février 2024 à seulement 27 600 barils par jour à la même période en 2025 Cette diminution s’inscrit dans une tendance de fond : en 2024 déjà, la production annuelle avait reculé de 13 % par rapport à 202, pour s’établir à 1 347 kilotonnes

Le gaz naturel également en repli

La crise ne se limite pas au pétrole brut. Les ressources en gaz naturel, incluant la production nationale et le forfait fiscal, ont atteint 304 kilotonnes équivalent pétrole (ktep) à fin février 202, soit une baisse de 6 % sur un an. La production de gaz commercial sec a diminué de 4 %, tandis que la redevance sur le transit du gaz algérien a reculé de 11 %, pour s’établir à 113 ktep

Certains champs gaziers, comme Hasdrubal (-12 %) et Nawara (-25 %), ont enregistré des baisses marquées, alors que le sud du pays a vu une hausse de 42 % de la production de gaz commercial. Le champ Miskar, quant à lui, a connu une baisse de 13 %

Un secteur sous pression, une demande qui résiste

Malgré cette contraction de l’offre, la demande nationale en produits pétroliers ne faiblit pas. En janvier 202, la consommation de produits pétroliers a même augmenté de 1 % par rapport à l’année précédente, portée par la croissance de la production d’électricité (+4 %). L’essence et le gaz de pétrole liquéfié (GPL) ont respectivement progressé de 3 % et 11 %, tandis que le kérosène a bondi de 22 %, reflet d’une reprise du secteur aérien. En revanche, le gasoil et le fuel ont connu un léger repli

Cette dynamique met en lumière un paradoxe : alors que la production nationale décline, la consommation énergétique reste soutenue, poussant la Tunisie à accroître ses importations pour répondre à la demande intérieure.

Quelles perspectives pour l’avenir énergétique tunisien ?

La baisse continue de la production pétrolière pose de sérieux défis à la Tunisie. D’une part, elle fragilise la balance commerciale du pays, déjà déficitaire, en augmentant la dépendance aux importations d’hydrocarbures. D’autre part, elle met sous pression les finances publiques, les recettes issues du secteur énergétique étant cruciales pour l’État.

Face à cette situation, plusieurs pistes sont envisagées. L’amélioration de l’efficacité énergétique, la diversification du mix énergétique avec un recours accru aux énergies renouvelables, et la relance de l’exploration pétrolière figurent parmi les solutions évoquées par les experts. Reste à savoir si ces mesures suffiront à inverser la tendance et à garantir la sécurité énergétique du pays dans les années à venir.

En attendant, la Tunisie doit composer avec une réalité énergétique de plus en plus complexe, où chaque fluctuation de la production impacte directement l’économie nationale et le quotidien des citoyens.

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