Revendications pour le retour des avantages fiscaux sur les 4x4 : Quelle issue pour le secteur touristique tunisien ?

Revendications pour le retour des avantages fiscaux sur les 4x4 : Quelle issue pour le secteur touristique tunisien ?

Revendications pour le retour des avantages fiscaux sur les 4x4 : Quelle issue pour le secteur touristique tunisien ?

Le vendredi 18 avril 202, la commission du Tourisme, de la Culture, des Services et des Industries Traditionnelles a tenu une séance consacrée à un dialogue crucial avec les représentants du secteur touristique. Au cœur des discussions : la demande pressante de réintroduire les exemptions fiscales pour les véhicules tout-terrain, un outil jugé indispensable par les professionnels pour relancer l’attractivité de la destination Tunisie.

Un plaidoyer sectoriel face aux défis logistiques
Les intervenants, issus de la Fédération tunisienne des agences de voyages et de l’Union des hôteliers, ont martelé un message commun. « Les 4x4 ne sont pas un luxe, mais une nécessité opérationnelle », a insisté un représentant lors des échanges. Ces véhicules permettent d’accéder aux zones désertiques et aux sites reculés, atouts majeurs du tourisme d’aventure et écologique que le pays cherche à développer.

La suppression récente des avantages fiscaux sur ces véhicules aurait entraîné une hausse de 30 à 40 % des coûts d’exploitation selon les estimations présentées. « Comment proposer des circuits dans le Grand Sud sans une flotte adaptée ? », interroge un opérateur spécialisé dans les randonnées sahariennes.

Un contexte réglementaire en mutation
Cette revendication s’inscrit dans un paysage fiscal en pleine évolution depuis la Loi de Finances 20. Alors que le gouvernement mise sur une augmentation des recettes via de nouvelles taxes sectorielles – comme la redevance hôtelière généralisée –, les professionnels réclament un équilibre entre rigueur budgétaire et soutien aux filières stratégiques.

La commission a rappelé que le dossier s’articule avec d’autres mesures récentes :

  • L’obligation du passeport pour les Européens dès 20, susceptible d’impacter la fréquentation

  • L’harmonisation des taxes hôtelières qui pèsent déjà sur la compétitivité des prix

  • Les nouveaux taux d’imposition des sociétés passés à 20 %, voire 40 % pour certaines activités

Un enjeu de souveraineté touristique
Les défenseurs du dispositif fiscal argumentent par l’exemple marocain, où les incitations aux véhicules adaptés ont permis de développer l’offre dans le désert du Sahara. « Nous risquons de voir les investisseurs se détourner de la Tunisie au profit de destinations plus accommodantes », alerte un membre de la fédération hôtelière.

Le ministère du Tourisme, présent à travers ses représentants, a évoqué une « écoute attentive » sans engagement formel. Les discussions auraient cependant abordé des pistes concrètes :

  • Un système d’amortissement accéléré pour les 4x4 dédiés au transport touristique

  • Une exonération partielle sous conditions d’utilisation exclusive

  • Un plafonnement du nombre de véhicules éligibles par opérateur

Quelles répercussions sur l’expérience voyageur ?
La question dépasse le simple débat comptable. Les professionnels mettent en garde contre une dégradation de la qualité des prestations : « Aujourd’hui, un Parisien qui vient vivre l’expérience du bivouac sous les étoiles ne peut pas accepter des véhicules surchargés ou inadaptés aux dunes », témoigne un guide touristique.

Certains intervenants ont aussi évoqué les risques sécuritaires liés à l’utilisation de véhicules inappropriés dans les zones arides. « Nous ne pouvons pas prendre la responsabilité d’envoyer des touristes dans le désert avec des berlines classiques », a tonné un expert en logistique désertique.

La balle dans le camp du législateur
Alors que la séance s’est conclue sur un engagement à étudier les propositions, le calendrier parlementaire serré laisse peu de marge de manœuvre. Les professionnels espèrent une intégration de ces mesures dans le prochain projet de loi rectificatif, sous peine de voir certaines agences spécialisées mettre la clé sous la porte d’ici la haute saison 20.

Cette bataille fiscale illustre les tensions entre une vision comptable à court terme et une stratégie sectorielle ambitieuse. Elle intervient alors que la Tunisie cherche à se positionner comme leader du tourisme durable en Méditerranée, un positionnement incompatible avec des infrastructures vieillissantes.

L’heure des choix stratégiques
Le dossier des 4x4 touristiques cristallise en réalité un débat plus large sur la politique d’accueil. Faut-il privilégier le volume via un tourisme de masse low-cost ou miser sur une valeur ajoutée via des niches premium ? La réponse à cette question déterminera l’avenir des exemptions fiscales sectorielles.

Certains députés présents ont souligné le besoin d’une étude d’impact approfondie. « Nous ne pouvons pas prendre le risque de créer une distorsion de concurrence entre loueurs de voitures et agences spécialisées », a tempéré un membre de la commission des Finances invité à participer aux débats.

Ce dossier technique pourrait bien devenir le symbole de la capacité tunisienne à concilier innovation touristique et discipline budgétaire. La suite des événements dépendra largement de la prochaine mouture de la Loi de Finances complémentaire, attendue avant l’été 20.

Et maintenant ?
Les professionnels annoncent déjà une mobilisation élargie avec le soutien des chambres régionales de tourisme. Une pétition circulerait dans les réseaux professionnels pour alerter sur les risques d’un « abandon du Sahara tunisien ».

Le ministère du Tourisme, de son côté, travaille sur un livre blanc qui intégrerait cette problématique dans une réflexion plus large sur la mobilité touristique durable. Une annonce officielle serait prévue lors des Assises nationales du Tourisme en juin 20.

Dans l’immédiat, les agences spécialisées dans les circuits aventures multiplient les solutions alternatives : location de véhicules en Libye voisine, partenariats avec l’armée pour l’utilisation de pistes sécurisées, ou développement de circuits pédestres accompagnés de dromadaires. Autant de solutions palliatives qui ne sauraient selon eux remplacer un dispositif fiscal adapté.

Le tourisme tunisien à la croisée des chemins
Cette polémique survient alors que le pays enregistre des résultats contrastés. Si les entrées touristiques ont atteint un record en 20, la part des séjours haut de gamme stagne à moins de 15 % du total. Or, c’est précisément sur ce segment que les professionnels misent pour justifier leurs revendications fiscales.

La question des 4x4 n’est donc pas qu’une simple histoire de mécanique fiscale. Elle touche à l’identité même du tourisme tunisien de demain : une destination low-cost accessible au plus grand nombre, ou un écrin préservé pour voyageurs exigeants ? La réponse se joue aujourd’hui dans les couloirs parlementaires.

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