Le Palais de Carthage a été le théâtre, ce lundi 21 avril 202, d’une réunion de la plus haute importance, alors que la Tunisie fait face à une situation économique d’une gravité sans précédent. Le président de la République, Kaïs Saïed, a convoqué la ministre des Finances, Mme Mechkaâ Salama El Khaldi, et le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, M. Fathi Zouhair Ennouri, pour une séance de travail axée sur l’urgence de la coordination entre toutes les institutions de l’État, et plus particulièrement les établissements bancaires, afin de faire front commun contre les défis financiers qui menacent le pays.
Une Économie au Bord du Gouffre
La Tunisie traverse actuellement une crise économique et financière majeure, marquée par un risque imminent de défaut de paiement, une inflation galopante et une dette publique qui a dépassé les 100 % du PIB en 20. Les déficits budgétaires se creusent, alimentés par des dépenses sociales élevées et des subventions coûteuses, tandis que les sources de financement extérieures se tarissent. Cette situation a conduit l’État à un recours massif à l’emprunt intérieur, fragilisant le système bancaire national et mettant en péril la stabilité monétaire du pays.
Le Président Hausse le Ton : Les Banques au Centre de la Tourmente
Face à cette conjoncture explosive, le président Saïed a lancé un avertissement clair aux institutions bancaires. Il a souligné la nécessité d’unir les efforts de toutes les composantes de l’État, y compris les banques, pour surmonter les difficultés actuelles. Le chef de l’État a insisté sur le rôle central des banques dans la préservation de la stabilité financière et la nécessité d’éviter toute spéculation ou comportement susceptible d’aggraver la crise.
La réunion a également mis en lumière l’importance de la solidarité nationale. Le président a appelé à une mobilisation générale afin de garantir l’accès aux biens de première nécessité pour tous les citoyens et d’éviter l’aggravation des pénuries, alors que les prévisions pour 2025 annoncent une intensification des difficultés d’approvisionnement et un risque accru de mécontentement social.
Pressions Budgétaires et Risques de Pénuries
Les pressions budgétaires et externes limitent la capacité de l’État à financer l’importation de biens essentiels. Les difficultés à résoudre les problèmes structurels rendent le marché tunisien vulnérable aux chocs, et la récente crise du gaz a déjà exacerbé le mécontentement populaire. Les experts s’accordent à dire que le risque de pénuries d’eau et de produits de base demeure élevé, ce qui pourrait attiser davantage les tensions sociales et politiques.
Des Réformes Urgentes, mais un Chemin Semé d’Embuscades
Si la loi de finances 2025 prévoit des mesures pour encourager l’investissement et soutenir les PME, elle ne suffit pas à résoudre les problèmes de fond. La croissance économique reste faible, avec un taux prévu entre 1 % et 1, %, insuffisant pour résorber le chômage ou augmenter les recettes fiscales. L’économie tunisienne, dépendante de secteurs cycliques comme l’agriculture et le tourisme, reste exposée aux crises extérieures et à la volatilité des marchés internationaux.
Le secteur bancaire, quant à lui, continue de privilégier le financement de l’État au détriment des entreprises, jugé plus sûr et plus rentable. Cette tendance, couplée à une inflation persistante, réduit la demande de crédit et freine l’investissement privé, accentuant la stagnation économique.
Un Appel à la Responsabilité Collective
Le message du président Saïed est sans ambiguïté : face à la tempête, la Tunisie ne pourra s’en sortir que par la cohésion de ses institutions et la responsabilité partagée de ses acteurs économiques. Les banques, en particulier, sont appelées à jouer un rôle constructif et à soutenir l’économie réelle, plutôt que de se replier sur des stratégies de préservation à court terme.
Alors que le pays se retrouve à la croisée des chemins, l’issue de cette crise dépendra de la capacité des dirigeants à instaurer la confiance, à engager des réformes structurelles et à mobiliser toutes les énergies pour éviter le pire. L’avertissement du président sonne comme un dernier rappel à l’ordre, dans l’espoir de préserver la stabilité et l’avenir de la Tunisie.